Suc et Sentenac-Mardi

, par M.Breillat

Un miracle a eu lieu ces dernières 24h. A 21h30, tous les CM2 étaient endormis, ou bien en train de chuchoter avant de sombrer dans un sommeil profond et réparateur. Cela laissait présager d’un réveil précoce et bruyant. Eh bien non ! Ils n’ont pas émis le moindre son avant que l’on ne vienne gentiment leur dire de se lever. Un miracle vous dis-je ! Des années de pratique de classes de découvertes pour arriver à ce résultat. Tout un art. Et bien que cela me coûte d’écrire cela, j’ai été fier de ces CM2.
Bien évidemment, les CE2 ont eu l’attitude à peu près opposée : gloussements de volatiles divers et variés, cavalcade de percherons jusqu’à pas d’heure, et réveil en fanfare dès 6 heures du matin.
Après ce "réveil" qui ne restera pas impuni et le petit-déjeuner, les CM2 se sont rendus dans le village de Goulier pour tenter, à l’occasion d’une randonnée, d’apercevoir des isards (dont vous chercherez le sens du terme dans le dictionnaire, juste après avoir cherché "percheron"). Ces bestioles sont très sensibles au bruit, c’est pourquoi, pour espérer en apercevoir sans les faire fuir, il fallait se déplacer dans un silence complet, tâche dont les élèves se sont parfaitement acquittés (2ème miracle, Lourdes, c’est de la rigolade à côté). Mais malheureusement, ces pauvres bêtes sont également très sensibles aux odeurs...
Les CE2 ont également marché à flanc de montagne pour profiter d’un beau panorama et apprendre à lire un paysage (en commençant par les graphèmes). Certains ont encore des problèmes de décodage, et pensent voir la mer et des palmiers dans ce qui est en fait un versant de montagne et un mélèze.
Cet après-midi, nous sommes tous allés près du Port (gruiiiiik) de Lers, pour jouer dans la neige. Ce fut l’occasion de vérifier que la liste des affaires à emporter, notamment les affaires indispensables pour jouer dans la neige (gants imperméables,blouson imperméable, après-skis imperméables, lunettes de soleil imperméables...) avait été lue attentivement par tous et toutes. Un jour, peut-être...
En fin d’après-midi, après le goûter, les élèves des deux classes ont travaillé à la rédaction d’un compte-rendu de la journée et de cartes postales à destination des familles. Il faut à cette occasion louer le professionnalisme des postiers que nul hiéroglyphe ou nulle adresse s’apparentant plus à un rébus qu’autre chose ne décourage d’acheminer le courrier à son destinataire. Je vais d’ailleurs en profiter pour retranscrire de mémoire ce que j’écrivais il y a deux ans lors d’une précédente classe transplantée. On me reprochera peut-être de recycler des phrases et autres bons mots, mais après tout, beaucoup d’artistes se contentent de répéter le même spectacle soir après soir, alors je ne vois pas pourquoi je me gênerais.

Toute peine méritant salaire, celui du facteur est financé notamment par l’achat préalable d’un timbre-poste. Ainsi, les élèves n’ayant pas apporté de timbres, ne verront sans doute pas leur lettre arriver à bon port (gruiiiiik !). Et dessiner un soleil ou une maison à la place du timbre ne trompera pas facilement l’oeil averti d’un employé de La Poste. Je leur ai donc suggéré de jeter directement leur lettre dans le Suc,le ruisseau qui coule près du centre. Le Suc se jette dans le Vicdessos, le Vicdessos se jette dans l’Ariège, l’Ariège se jette dans la Garonne, la Garonne se jette dans l’océan Atlantique. Il y a peu de chances que la lettre arrive à son destinataire, mais elle aura quand même fait un beau voyage. En toutes choses, il faut voir l’aspect positif.

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