Les livres tombés du ciel

a 166 {JPEG}

C’était un jour de fin d’été 1944. Sur un plateau, Raymond, un jeune berger, gardait ses moutons. Assis sous un noyer, il regardait comme le monde était beau. Au loin, il distinguait son village. Il entendait la douce mélodie du Lot qui le berçait. Le vent caressait l’herbe fraîche. Raymond aimait beaucoup décrire les paysages qu’il voyait.
Il regrettait d’avoir arrêté l’école si tôt ; il aurait voulu poursuivre ses études. Mais ses parents avaient besoin d’aide, et Raymond était chargé de sortir les moutons. Il habitait avec ses parents tout en bas de la vallée dans une maisonnette en pierre. À côté se trouvaient une bergerie, une étable pour les vaches et un poulailler.
Le dimanche était le seul jour de la semaine où il était libre. Il alla donc au marché. Il acheta un livre dont la couverture était en cuir. C’était un roman de science-fiction. Raymond, enchanté de son achat alla le lire sous le chêne qui dominait la vallée. Il sortit de sa besace le casse-croûte que sa mère lui avait préparé. Il prit le quignon de pain avec un bout de fromage. Il se sentait bien, léger, heureux et paisible. Raymond entendit un sifflement. Il prêta plus attention au bruit et reconnut un avion. Il regarda le ciel et vit un avion rouge. Il était inquiet de voir que l’avion se rapprochait de plus en plus du sol. Il lâcha sa cargaison. Raymond distingua des parachutes qui tombaient. Ils transportaient des livres par centaines.
Il en prit un, feuilleta les pages. Puis un autre, il était émerveillé. Il voulait à tout prix partager son épanouissement, sa soif d’apprendre. Avec le temps il fit des études, et un jour on lui donna son diplôme. Il devint instituteur. Depuis ce jour tous les ans, avec ses élèves, il va faire du canoë et un pique-nique sous le chêne qui domine la vallée.

Suzon