L’œuvre de Pérec « Les souvenirs égrenés dans le livre de Perec commencent tous sauf un1 par Je me souviens et sont numérotés. Courts, de quelques mots à quelques lignes, ces fragments mêlent tous les thèmes, objets quotidiens, actualités, souvenirs de famille, d’école, littérature… Selon la présentation que fait Perec de cet exercice de mémoire, ces je me souviens sont : « des petits morceaux de quotidien, des choses que, telle ou telle année, tous les gens d’un même âge ont vues, ont vécues, ont partagées, et qui ensuite ont disparu, ont été oubliées ; elles ne valaient pas la peine de faire partie de l’Histoire, ni de figurer dans les Mémoires des hommes d’État, des alpinistes et des monstres sacrés. Il arrive cependant qu’elles reviennent, quelques années plus tard, intactes et minuscules, par hasard ou parce qu’on les a cherchées, un soir, entre amis ; c’était une chose qu’on avait apprise à l’école, un champion, un chanteur ou une starlette qui perçait, un air qui était sur toutes les lèvres, un hold-up ou une catastrophe qui faisait la une des quotidiens, un best-seller, un scandale, un slogan, une habitude, une expression, un vêtement ou une manière de le porter, un geste, ou quelque chose d’encore plus mince, d’inessentiel, de tout à fait banal, miraculeusement arraché à son insignifiance, retrouvé pour un instant, suscitant pendant quelques secondes une impalpable petite nostalgie. »